Les troubles alimentaires chez l’adulte sont plus fréquents que l’on ne le pense, d’autant plus qu’il existe divers troubles dont certains sont encore méconnus du grand public. On fait le point sur les troubles du comportement alimentaire les plus fréquents, leurs symptômes et les outils de test TCA disponibles en ligne pour diagnostiquer un trouble alimentaire.
Qu’est-ce qu’un trouble du comportement alimentaire adulte ?
Les troubles du comportement alimentaire adulte (TCA) ou troubles de l’alimentation sont des troubles caractérisés par un comportement et des habitudes problématiques en lien avec la nourriture et, souvent, l’image que l’on a de son corps ou de son poids. Les TCA peuvent avoir un impact négatif au niveau physique et mental, ils sont donc à prendre au sérieux.
Ces troubles peuvent toucher tout le monde, enfants, adolescents et adultes, hommes et femmes, bien qu’en général, les femmes (en fin d’adolescence ou au début de l’âge adulte) soient plus touchées.
On distingue plusieurs troubles du comportement alimentaire, les plus connus étant l’anorexie et la boulimie. Ces troubles sont difficiles à répertorier car il en existe de nombreuses formes, souvent plutôt rares.
Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-V) paru en 2014 propose la classification suivante :
– L’anorexie nerveuse de type restrictif ou associée à une hyperphagie ;
– La boulimie nerveuse ;
– L’hyperphagie boulimique ;
– L’alimentation sélective ;
– Le pica (caractérisé par l’ingestion de substances non comestibles comme du papier, de la terre ou des cheveux) ;
– Le mérycisme (caractérisé par des régurgitations et la remastication);
– Les autres TCA.
Trouble du comportement alimentaire adulte
Chez l’adulte, les trois troubles du comportement alimentaire adulte, TCA les plus courants sont l’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie. Parmi les autres TCA existants, nous allons aussi nous pencher sur la néophobie qui est très handicapante au quotidien.
1. L’anorexie
L’anorexie est certainement le TCA le plus connu. Les personnes qui souffrent d’anorexie nerveuse vont s’infliger une restriction alimentaire très sévère, ce qui va entraîner une perte de poids importante, pouvant potentiellement mettre leur vie en danger.
Ce trouble de l’alimentation apparait généralement pendant l’adolescence, il touche donc principalement les jeunes femmes : 90 % des personnes anorexiques sont des femmes et 0,3 à 1 % des jeunes femmes sont touchées.
Une personne anorexique est préoccupée par son poids et son image au point de s’affamer pour ne pas prendre de poids. Les personnes atteintes d’anorexie sont souvent en état de maigreur avancée sans pour autant le reconnaître. La distorsion de l’image corporelle est en effet un symptôme de l’anorexie : la personne atteinte se voit grosse alors qu’elle ne l’est pas et nie la gravité de la situation.
Les comportements alimentaires deviennent obsessionnels et la personne atteinte peut développer une phobie face à la nourriture.
Parmi les comportements obsessionnels caractérisant l’anorexie, on trouve notamment l’excès d’exercice physique, le fait de compter les calories, le fait de supprimer totalement des catégories d’aliments de leur alimentation, voire même le refus de s’alimenter. L’anorexie entraîne souvent un repli sur soi et une isolation sociale pour ne pas avoir à affronter les situations liées à l’alimentation.
L’anorexie peut être de type restrictif ou associée à des épisodes d’hyperphagie, c’est-à-dire le fait de manger de manière disproportionnée puis de se purger pour éliminer les calories (avec des laxatifs ou en vomissant).
Parmi les autres symptômes de l’anorexie, il y a les symptômes de la malnutrition : fatigue, léthargie, troubles digestifs, déficit cognitif, frilosité, arythmie cardiaque… Chez les jeunes femmes, on constate notamment l’absence de règles (aménorrhée) une fois un certain poids limite passé.
2. La boulimie
La boulimie nerveuse est un autre TCA bien connu du grand public, qui se caractérise par des épisodes répétitifs d’orgies alimentaires ou hyperphagie, durant laquelle le patient consomme rapidement (moins de 2 heures) plusieurs milliers de calories, suivis de comportements compensatoires de purge afin d’éliminer les calories : vomissements, laxatifs, sport excessif, restrictions alimentaires voire jeûne…
Les personnes atteintes de boulimie souffrent de culpabilité et d’un sentiment de perte de contrôle. Elles essayent de dissimuler leur comportement aux personnes de leur entourage et finissent par s’isoler.
Contrairement à une personne anorexique, une personne boulimique n’est pas maigre mais de poids normal voire un peu au-dessus de la moyenne.
Comme l’anorexie, la boulimie touche principalement les femmes : 90 % des cas de boulimie sont des femmes, et 1 à 3 % des femmes souffrent de boulimie à un stade de leur vie, même s’il s’agit d’épisodes isolés.
Pour diagnostiquer une boulimie nerveuse, il faut que les épisodes d’hyperphagie suivis de comportements compensatoires surviennent au moins une fois par semaine pendant 3 mois.
3. L’hyperphagie
L’hyperphagie boulimique ou compulsionnelle est proche de la boulimie nerveuse. C’est le trouble du comportement alimentaire adulte le plus fréquent : au cours de leur vie, 2 % des hommes et 3,5 % des femmes sont concernés.
L’hyperphagie est caractérisée par des épisodes d’orgies alimentaires successives mais sans comportements compensatoires. Pendant les épisodes d’hyperphagie, les patients vont manger trop vite, jusqu’à se sentir trop plein, et même en n’ayant pas faim.
Comme les personnes boulimiques, les personnes atteintes de ce TCA ont un sentiment de perte de contrôle associé à de la honte et de la culpabilité. Elles peuvent présenter les symptômes de la dépression. Souvent, les personnes atteintes de ce trouble sont obèses ou ont un poids au-dessus de la moyenne.
Pour diagnostiquer une hyperphagie, la prise alimentaire doit être très rapide (plus que la normale), et la personne doit manger de grandes quantités de nourriture, même si elle n’a pas faim, jusqu’à ressentir une sensation de trop plein inconfortable.
Souvent, la personne est gênée et honteuse et va donc manger seule. Après les crises, elle ressent du dégoût de soi-même et de la culpabilité.
4. La néophobie
La néophobie, aussi qualifiée de blocage alimentaire ou trouble de l’alimentation sélective (TAS), touche plus souvent les enfants entre 2 à 10 ans mais disparait à l’adolescence.
Cependant, certains adultes sont touchés par ce TCA qui consiste à ne manger que certains aliments ou groupes d’aliments, tout en refusant de goûter les autres aliments. Goûter des aliments qui ne sont pas dans leur régime habituel provoque de la peur et de la panique, même si ces aliments font envie au patient.
La peur de goûter ces aliments peut être liée à la couleur, la température, l’aspect ou l’odeur de l’aliment. La néophobie est un trouble de l’alimentation très handicapant pour l’adulte car il est très peu connu et que l’entourage a parfois du mal à comprendre le blocage. Le patient va donc éviter les situations sociales et s’isoler.
Le fonctionnement du test TCA en ligne
Pour diagnostiquer un TCA, il est conseillé de commencer par faire un test TCA en ligne. Le test TCA est une auto-évaluation sous forme de questionnaire qui permet de déterminer si l’on est ou non atteint d’un trouble du comportement alimentaire adulte.
Il existe plusieurs tests TCA en ligne :
– Le questionnaire SCOFF (Sick, Control, One, Fat, Food), très utilisé par les médecins généralistes au Royaume-Uni. Composé de 5 questions, il est très rapide à remplir (30 secondes).
– L’échelle d’auto-évaluation de l’anorexie mentale – EAT (Eating Attitude Test) : ce test TCA est utilisé pour évaluer le risque d’un patient face à l’anorexie nerveuse, et déterminer ainsi la nécessité ou non d’une prise en charge du patient. Ce test TCA peut aussi être utilisé pour déterminer le risque de boulimie nerveuse, mais ne peut être appliqué aux autres TCA.
L’évaluation prend moins de 5 minutes.
– L’EDI (Eating Disorder Inventory) : ce test va explorer les attitudes et comportements liés à l’alimentation du patient. Il peut être utilisé pour établir un programme de prise en charge pour le patient atteint d’un trouble TCA.
– Le BULIT (Bulimia Test), pour diagnostiquer des conduites boulimiques.
– L’YFAS (Yale Food Addiction Scale), pour déterminer les symptômes de dépendance à l’alimentation.
Dans tous les cas, un bilan et une prise en charge nutritionnelle sont recommandées quel que soit le TCA.